Le prononcé de la peine de Donald Trump, condamné au pénal en mai à New York, a été repoussé vendredi à après l’élection présidentielle américaine, une victoire de taille pour le candidat républicain.

L’ancien président, condamné dans une affaire comptable, ne sera fixé sur sa peine que le 26 novembre, et non en septembre, a tranché un juge en début d’après-midi. La décision du juge Juan Merchan a été annoncée quelques minutes seulement après une allocution décousue de Donald Trump sur ses ennuis judiciaires. L’ancien président avait convoqué des journalistes pour une conférence de presse dans l’une de ses propriétés à New York, la Trump Tower, sans motif particulier.

Arborant sa traditionnelle cravate rouge, il a évoqué pèle-mêle son procès au civil pour agression sexuelle et sa condamnation au pénal: des « chasses aux sorcières » pour l’empêcher d’être élu, selon lui. Sans prendre la moindre question de la presse, le septuagénaire, semblant particulièrement agacé, s’en est aussi pris à ses avocats, installés autour de lui le regard dans le vide, se disant « déçu » de leur travail. Ce n’est qu’au bout de 40 minutes de cette tirade singulière que le républicain a commencé à évoquer sa rivale Kamala Harris, assurant qu’il était « largement en tête » des sondages sur la présidentielle du 5 novembre.

Les enquêtes d’opinion sont bien plus nuancées sur cette question, plaçant pour l’heure les deux candidats au coude-à-coude. Après ce discours, le républicain doit se mettre en route pour la Caroline du Nord, l’un des Etats les plus disputés de la présidentielle, où l’envoi de premiers bulletins de vote par correspondance a été repoussé par la décision d’un juge. Il s’exprimera devant un puissant syndicat de policiers. L’ancien président reproche à Joe Biden et à la vice-présidente d’être responsables d’une vague de criminalité liée à l’immigration illégale, ce que les statistiques démentent. La sécurité et l’immigration n’en restent pas moins des sujets sur lesquels Kamala Harris accuse un déficit de crédibilité, à en croire plusieurs .

Son équipe de campagne a cherché à répliquer vendredi en publiant une lettre de soutien signée par des officiers de police. « En novembre, les Américains devront choisir entre quelqu’un qui a passé sa vie à faire appliquer nos lois et quelqu’un qui a été condamné pour les avoir violées« , lit-on dans ce message, en référence à l’ancienne carrière de procureure de la démocrate et à la condamnation de son adversaire au pénal dans l’affaire de paiements dissimulés à une ancienne actrice de films X.

Donald Trump, poursuivi dans plusieurs autres affaires, en particulier pour avoir tenté de renverser le résultat de la présidentielle de 2020, tiendra un meeting de campagne samedi dans le Wisconsin, un autre Etat très disputé de ce scrutin au suffrage universel indirect.

Sa rivale s’est elle installée jeudi en Pennsylvanie, son camp de base pour préparer le débat avec son adversaire républicain, organisé le 10 septembre par la chaîne ABC à Philadelphie. La vice-présidente, qui n’a accordé qu’une seule interview depuis qu’elle s’est lancée dans la course, donne également un entretien à une radio hispanophone vendredi en milieu de journée.

Selon les médias, elle devrait faire quelques apparitions publiques avant le débat télévisé, rompant avec la stratégie de Joe Biden qui avait disparu des radars pendant plusieurs jours pour préparer sa confrontation de juin face à Donald Trump, lors duquel il avait complètement perdu pied. La quinquagénaire va pouvoir s’appuyer sur un copieux trésor de guerre. Son équipe de campagne a annoncé avoir levé 361 millions de dollars en août, soit « trois fois plus » que le camp adverse, assure-t-elle.

La démocrate a une réserve d’argent frais de 404 millions de dollars, à moins de deux mois d’une élection qui occasionne des dépenses pharaoniques de part et d’autre, notamment en publicités électorales. L’équipe de campagne de Donald Trump avait pour sa part fait état de 295 millions de dollars immédiatement disponibles.

AFP