Le procès de l’ex-ministre de la défense poursuivi pour des faits de détournement de deniers publics, de corruption d’agent public, de blanchiment de capitaux et d’enrichissement illicite est entré dans sa phase de réquisitions et de plaidoiries ce mercredi 23 octobre 2024 devant la chambre de jugement à la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières.

L’honneur est revenu à l’avocat de la partie civile d’ouvrir le bal. À l’entame, Me Pépé Antoine Lamah puisque c’est de lui qu’il s’agit, a déclaré qu’il n’est pas à l’aise dans ses plaidoiries dans ce dossier impliquant un prévenu qui, selon lui, a refusé de coopérer.

Estimant que c’est une stratégie visant à se dérober des charges lourdes qui pèsent sur la tête du prévenu, l’avocat a affirmé que les faits articulés contre lui sont établis. Il a aussitôt demandé à la Cour de déclarer Dr Mohamed Diané coupable des faits de corruption d’agents publics.

Pour étayer ses propos, Me Pépé a révélé que le prévenu, lorsqu’il était ministre de la défense, a passé un marché d’achat de 28 pickups double cabine d’une valeur de 11 milliards de francs guinéens à la société Djoma SA, en violation des règles de passation de marché.

Il a également demandé à la Cour de déclarer le prévenu coupable de détournement de deniers publics à cause de la disparité de 500 milliards de francs guinéens entre les crédits alloués à son département et les dépenses exécutées durant 6 années de gestion, qu’il n’a pas pu justifier. Me Pépé Antoine Lamah a aussi plaidé pour que Dr Mohamed Diané soit déclaré coupable des faits d’enrichissement illicite à cause de l’inadéquation entre sa fortune actuelle et celle d’avant son entrée dans le gouvernement.

Selon l’avocat de la partie civile, Dr Diané n’a pas pu justifier l’origine de ses avoirs bancaires et ses nombreux biens immobiliers. Me Pépé Antoine a notamment parlé de 5 comptes bancaires. Le premier contient plus de 69 millions de francs guinéens. Le deuxième contient plus d’1 milliards 117 millions de francs guinéens. Le troisième contient 70 428 euros. Le quatrième contient 60 176 euros. Sur le cinquième, il y a plus de 357 millions de francs guinéens. Le conseil de l’Etat a aussi parlé des patrimoines immobiliers du prévenu. Une trentaine de domaines bâtis et non bâtis à Kankan, plusieurs immeubles à Conakry, les uns immatriculés en son nom et les autres au nom des tiers.

Sur la blanchiment de capitaux, Me Pépé Antoine Lamah reproche au prévenu d’avoir blanchi les biens obtenus par des procédés délictuels à travers l’acquisition des biens immobiliers. À la lumière de ses explications, il a sollicité auprès de la Cour de recevoir la constitution de partie civile de l’État et puis d’ordonner la confiscation de tous les biens même non identifiés, de Dr Diané au profit de L’État guinéen, d’ordonner la validité des saisies déjà pratiquées sur ses biens et d’ordonner l’exécution provisoire de la décision à intervenir.

Au titre des dommages et intérêts, la partie civile a réclamé 500 milliards de francs guinéens.

Sur la constitution des faits, les arguments de l’avocat de la partie civile ont été soutenus par le ministère public. Celui-ci a demandé à la Cour de retenir le prévenu dans les liens de la culpabilité pour les faits qui lui sont reprochés et de le condamner à 5 ans d’emprisonnement au paiement d’une amende de 5 milliards de francs guinéens.

En fin de compte le juge a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 18 décembre 2024.

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