Le gouvernement tanzanien a suspendu à partir de jeudi les publications en ligne d’un des principaux groupes de presse du pays, après la diffusion d’une vidéo d’animation évoquant les meurtres et disparitions d’opposants, avec pour personnage principal la présidente Samia Suluhu Hassan.

Mardi, le quotidien en anglais The Citizen, appartenant au groupe Mwananchi, avait diffusé sur ses réseaux sociaux un clip montrant la cheffe de l’Etat zappant sur son poste de télévision et se trouvant confrontée à des nouvelles anxiogènes de meurtres, enlèvements, de parents cherchant leurs enfants et de citoyens craignant pour l’avenir…

Cette saynète faisait écho à de nombreuses critiques de groupes de défense des droits humains et de gouvernements occidentaux dénonçant une répression croissante des autorités à l’approche des élections locales de novembre et générales de fin 2025.

Dans un communiqué mercredi soir, l’Autorité de régulation des communications (TCRA) a annoncé la suspension pour 30 jours de la diffusion des services en ligne du groupe Mwananchi, affirmant que la vidéo diffusée le 1er octobre « a apporté des interprétations négatives pour la nation, ce qui affecte et sape l’unité nationale, la paix et la cohésion ».

Le même jour, The Citizen avait annoncé retirer son clip « représentant des événements suscitant des inquiétudes liées à la sûreté et la sécurité des individus en Tanzanie », en raison « de la mauvaise interprétation qu’elle a suscitée, divergeant de notre intention initiale ».

Depuis l’annonce de la suspension, le groupe Mwananchi a cessé de mettre de nouveaux articles en ligne. Ses journaux papier sont eux toujours publiés. Mwananchi Communications Ltd, un des principaux groupes de presse privés tanzaniens, est une filiale du groupe kényan Nation Media Group. Outre The Citizen, il publie deux autres journaux en swahili, Mwananchi et Mwanaspoti, et possède également une télévision en ligne (Mwananchi Digital).

La présidente Samia Suluhu Hassan fait face ces derniers mois à de vives critiques l’accusant de revenir aux pratiques autoritaires de son prédécesseur John Magufuli, après avoir montré des signes d’ouverture démocratique à son arrivée au pouvoir en mars 2021, en rouvrant rapidement, par exemple, des médias interdits.

Le principal parti d’opposition, Chadema, accuse notamment les forces de sécurité d’être impliquées dans les disparitions de certains de ses membres et dans le meurtre d’Ali Mohamed Kibao, un de ses dirigeants retrouvé mort le 7 septembre. La police a également interdit en août et septembre un rassemblement et une manifestation organisées par Chadema, dont plusieurs membres et leaders ont été brièvement arrêtés.

AFP